dimanche 21 septembre 2008

Faites-moi vibrer


Qu'entendons-nous par tactile ?
On peut dire que c'est ce qui est relatif au toucher, sens qu'on désignait avant par le mot "tact", dans ce sens (qui n'a rien à voir avec l'occurrence précédente du mot sens), on peut bien parler d'interface tactile. On touche bien l'écran de l'iPhone, la surface de la table EnterTaible de Philips ou le MFD (multi function dsplay) de la Prius.
S'il s'agit bien d'interface ou d'interaction tactile, on ne peut pas vraiment considérer qu'il s'agit de perception tactile car cela impliquerait une exploration manuelle (ou des pieds) et la détection d'information par la main (ou les pieds). Le plus communément, on détecte le relief, comme lors d'une lecture Braille ou le suivi d'un cheminement podotactile.
Donc, aujourd'hui si les écrans sont bien tactiles, ils n'offrent pas de perception tactile. A défaut de relief sur l'écran, une voie se dessine, c'est la génération de vibration. Ainsi apparaît l' écran tactile vibrant qui n'est plus un simple écran tactile, mais un écran haptique (haptic touch screen).
Ainsi, Immersion propose sa technologie TouchSense, Nokia son écran haptikos et Sony brevette ses tactile pixels.
Demain, à l'interaction tactile, s'ajoutera la perception tactile. Ceci va constituer une évolution importance car il donnera une nouvelle dimension au feedback, essentiellement visuel depuis l'essor des interfaces graphiques, accessoirement sonore (quand la corbeille se vide ou qu'arrive un nouveau message), le feedback va s'enrichir et devenir haptique ; dit autrement, les objets d'interaction vont devenir plus tangibles.
C'est une façon de re-matérialiser nos interfaces qui étaient devenues bien trop virtuelles.

lundi 15 septembre 2008

Minority report, c'est vraiment du cinéma


J'ai fait plusieurs fois référence sur ce blog au film Minority Report.
Même si ce film ne montre aucune interaction multitouch au sens strict, il est presque toujours cité dans les articles sur le multitouch.
C'est la force du cinéma, son pouvoir de marquer les esprits et de façonner notre imaginaire.
Jakob Nielsen a fait le top 10 des erreurs (bloopers) relatives à l'utilisabilité au cinéma. En résumé, il fait le constat suivant :
"User interfaces in film are more exciting than they are realistic, and heroes have far too easy a time using foreign systems."
Le "blooper 3" concerne le film Minority Report, il relève que dans ce film, l'interface gestuelle semble idéale alors que dans la réalité, commander un système en bougeant les bras dans l'air est bien fatiguant.
Plus généralement, Nielsen constate que les interfaces 3D sont très présentes dans les films et bien rares dans les vrais produits. La consliusion s'impose :
"3D is for demos. 2D is for work."
Reste à savoir si l'interaction gestuelle c'est pour le grand écran et la souris c'est pour le petit (votre 13 ou 19'').

samedi 6 septembre 2008

multitouch un mot bien mal employé


Je ne sais pas si vous avez vu le système VisionAire d'Obscura Digital, si ce n'est pas le cas, allez voir la vidéo.
Ce système est décrit presque partout comme un système "multitouch" et pourtant il repose sur une interaction gestuelle dans l'espace sans "toucher" à rien !
"Multitouch" est donc devenu un mot qui s'éloigne de son sens premier (étymologique) et qui désigne désormais une interaction à plusieurs mains, d'une seule ou de plusieurs personnes.
Ce glissement sémantique se retrouve quand on explique le "mutitouch" en le désignant comme une interaction "à la Minority Report".
Le problème, c'est que le "multitouch" est l'exact opposé de l'interaction "à la Minority Report".
Ce film s'est inspiré des travaux du MIT sur la technologie d'interaction gestuelle, la "gesture tek" et plus précisément du projet gspeak. Vous verrez sur la vidéo que cette techno repose sur l'utilisation de gants numériques (data gloves). C'est à dire d'une techno sans "touch" et qui nécessite de s'équiper de dispositifs vestimentaires (wearable devices), les gants.
Le vrai "multitouch" fait le choix de toucher directement les objets d'interaction sans aucun dispositif intermédiaire.
Il ne faut donc pas tout mélanger, tout qualifier de "multitouch" si on veut que ces technos soient bien comprises et se diffusent.
Certains parlent désormais de "multitouch sans contact", est-ce de l'humour ? C'est comme si on parlait d'interaction vocale sans parole ou d'interface graphique sans écran.
Il semble important de mieux fixer le vocabulaire ("ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément" disait déjà Boileau).
Il faudrait d'abord distinguer le vocabulaire qui désigne l'action humaine de celui qui qualifie les dispositifs d'interaction. Ainsi, côté personne, on parlerait d'interaction gestuelle (avec ou sans contact) ou d'interaction tactile (implicitement avec contact) ; côté machine, on parlerait de dispositif multipoint, d'écan multipoint, voire de dispositif multipointeur.
En causant bien, on se comprendra mieux. Ainsi VisionAire sera qualifié simplement de système d'interaction gestuelle, implicitement sans contact car le sens premier de "geste" est un mouvement du corps et c'est bien de cela qu'il s'agit avec ce système ; on dira que l'iPhone a un écran multipoint, mais sans parler pour autant d'interaction gestuelle dans ce cas précis ; enfin pour la table Surface on parlera de table multipoint et d'interaction tactile ou à la limite, en français, d'interaction multitouch.